Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, je vois toutes choses si incertaines quà grande peine vous puis je
2escrire quelque chose de certain. Lassemblée de Millau est finie, en laquelle
3ont esté deleguez quatre pour assister à la conference, si aucune sen faict avec
4monseigneur le mareschal et monsieur le duc d’Uzès. Les deux principaux
5depputez sont monsieur Lhospital, conseiller en la court du parlement de
6Thoulouze et monsieur d’Yolet, gentilhomme de Rouergue ou Auvergne, lequel
7est arrivé icy il y a deux jours et a declaré que si on ne levoit
8larmée de devant Florensac et Pommerol, ladicte assemblée na voulloir ny
9paix, ny surceance darmes. Toutesfois mondit seigneur a accordé de surseoir
10toutes choses pour le regard de Florensac jusques à ce qu’ait esté debatu
11sil est bien ou mal prins, et quant à Pommerol, daultant quil estoit
12incertain si on avoit jà commencé à le battre et quil pensoit lartillerye
13estre jà sur le bord du fossé, il a declaré pour le bien de paix, quil
14estoit content que deux gentilzhommes se transporteroient à Pommerol, lun
15des siens et lautre qui accompaigne ledit sieur d’Yolet ; et au cas que ceulx
16de dans vouldroient sortir, il le leur permectois avec leurs armes et
17hardres, lenseigne desployée et le tabour battant, autrement voulloit que
18quelque capitulation entre les cappitaines de notre armée et les assiegez
20dans ledit Pommerol, elle sortiroit effect et si tant estoit que [ajouté : à] larrivée
21desdictz deux gentilzhommes ledit Pommerol se trouveroit prins, cestoit
22chose où les hommes ne peuvent remedier. Lesdits deux gentilzhommes
23sont partiz ceste après disnée et les actendons à demain au soir.
24Au surplus, la conclusion de lassemblée dudict Millau a esté advisé
25avant quentrer en plus grande conference que ceulx de la religion
26envoyeroient ung gentilhomme des leurs au roy qui est ledit sieur
27d’Yolet, pour entendre de la bouche de sa maiesté ce quil luy plaira
28leur accorder de leurs demandes, ce que ostera mesdictz seigneurs
29[223 v°] les marechal et duc d’Uzès et ceulx qui sont deleguez avec eulx, de la peine
30de la conference. Ledit sieur d’Yolet espère estre de retour dans le XVIIIe
31jour daprès quil sera party et delibère partir lundy. Ce seroit justement
32pour arriver aux estatz qui sont prolongez jusques au XVe du mois
33prochain. Quant à la continuation de la trefve, encore quelle soit publiée
34es diocèses de Montpellier, Nismes et Uzès et es pays de Viverays
35et des Genève, chacune est encore du craincte. Toutesfois, il a esté arresté
36en ladicte assemblée que ladicte suspension sera observée par tout ailleurs où
37ceulx de la religion commandent, soit en Languedoc, Guyenne et Rouergue ;
38et a, mondit seigneur le marechal, despeché en plusieurs du costé de Thoulouse
39et du gouvernement de monsieur ladmiral pour y en faire faire publication.
40Dieu vueille quelle soit bien observée. Deux des arbitres venuz de Nismes
41sont icy, en actendant dans deux jours lautre pour le reglement des
42commandent messieurs de Grignan et le viconte Paulin, il y aura autres
44arbitres, tant de leur part que de celle de monseigneur le marechal, comme
45je croy quil sera espedient quen fassiez de mesme en Daulphiné pour y
46regler lesdictes contributions , et croy que mondit seigneur le marechal
47trouvera bon que vous et le sieur de Montbrun deputés quelques
48personnages pour faire ce reiglement sans vous conformer aux expeditions
49qu’on pourra prendre pardeça, car tous piedz ne se chaussent à une
50forme , et seroit chose trop difficille et trop longue, voire impossible
51de nous comuniquer les uns aux autres les reiglementz qui se feront
52sur ladicte contribution par tous les pays de Guyenne, Rouergue,
53Languedoc et Daulphiné, car le temps de la suspension sera expirée avant
54qu’on ait osté dung bout à lautre, si chacun estoit aussi las des
55dissentions civilles que moy qui nay dissention avecques personnes,
56nous serions bien tost en bonne paix, de laquelle ne sortirons de
57[224] noz vies. Je suis en grande peine de mon nepveu, lequel nest encore arrivé et sont
58jà passez XXIIII jours quil est reparty. Je nay jamais senty printemps
59en France si chault comme jay faict ceste hyver à Montpellier où il na
60encore ny gellé, ny glasse, ny neigé. Mais nous nous sommes encores au dernier
61jour de febvrier. Je men vois surce humblement recommander à votre bonne
62grace et pryant le Createur,
63Monseigneur, vous donner en parfaicte santé longue et heureuse vie. De
64Montpellier, ce XXIIIIe jour de décembre 1573. Votre à jamais plus
65fidelle et plus affectioné serviteur. Truchon